« Les études que nous menons depuis trois ans suggèrent que le gouvernement Pakistanais a pris l’habitude de se retrancher derrière la religion et les documents blasphématoires pour cacher le filtrage et la censure de l’internet, bien que le motif inavoué soit d’ordre politique ou pour dissimuler la corruption. L’internet a déjà été utilisé pour montrer comment ces interdictions et ces filtres servaient à cacher les malversations du gouvernement et de ses fonctionnaires, que ce soit sur YouTube, sur Flickr ou sur Facebook », indique Bytes For All, un réseau d’activistes pour les droits de l’internet basé en Asie du Sud qui a des représentants au Pakistan.
À la fin du procès le 31 mai, la Cour suprême de Lahore a ordonné que l’Autorité des télécommunications du Pakistan, le ministère des TI et des Télécommunications ainsi que toutes les autorités concernées adoptent un mécanisme permanent de suivi et de contrôle de l’accès au contenu de l’internet. L’ordre du tribunal indiquait que “de nombreux pays dont la population est majoritairement musulmane ont adopté des mécanismes durables et efficaces pour bloquer ou refuser l’accès du public à de tels contenus blasphématoires. On trouvera des exemples de tels pays parmi les pays à majorité musulmane du Moyen-Orient et de l’Asie”. Cet ordre judiciaire suggère d’adopter les lignes de conduite de ces pays pour la mise en œuvre des mécanismes de suivi et de contrôle.
Le ministère des TI et des Télécommunications ainsi que l’Autorité des télécommunications sont tenus de soumettre « un résumé de lignes de conduite efficaces pour le suivi, le contrôle et la mise en œuvre concernant l’accès aux contenus blasphématoires et choquants disponibles sur l’internet ».
La Cour a également ordonné au ministère des Affaires étrangères de demander à l’ambassadeur permanent du Pakistan à l’ONU de New York de présenter une résolution à l’Assemblée générale de l’ONU relative au contenu blasphématoire sur Facebook. En cas de non-conformité, le ministre des Affaires étrangères devra s’expliquer personnellement sur les motifs du non-respect des ordres de la Cour.
« Nous condamnons tout contenu blasphématoire et discours d’incitation à la haine », déclare Bytes For All, « mais nous incitons le gouvernement à ne plus bloquer et filtrer l’internet car cela compromettra le bien-être de la population. L’Islam est une religion de paix et d’harmonie, et des mesures devraient être prises immédiatement pour arrêter la montée de la violence fondée sur la religion dans le pays – l’internet et les technologies basées sur l’internet peuvent beaucoup aider à cet égard ».
Étude sur le filtrage de l’internet au Pakistan (Cliquer sur “Pakistan”) [en anglais]
L’interdiction de Facebook au Pakistan est désolant, déclare Bytes For all APCNouvelles, 25 mai 2010.