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Même avant que le Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI) débute officiellement, Parminder Jeet Singh en avait gros sur le coeur. "Nous sommes déçus des résultats du SMSI" s’est-il exclamé en pleine conférence de presse au SMSI. Ce représentant de IT for Change, une ONG travaillant pour le développement à l’aide des TIC, parlait au nom du caucus de la société civile se penchant sur le suivi et la réalisation du SMSI.

Même avant que le Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI) débute officiellement, Parminder Jeet Singh en avait gros sur le coeur. "Nous sommes déçus des résultats du SMSI" s’est-il exclamé en pleine conférence de presse au SMSI. Ce représentant de IT for Change, une ONG travaillant pour le développement à l’aide des TIC, parlait au nom du caucus de la société civile se penchant sur le suivi et la réalisation du SMSI.

"Il n’y a pas de résultats concrets, la question du financement des TIC pour le développement a été complètement évacuée des négociations diplomatiques de haut niveau" a t-il rajouté d’un air découragé. Les batteries de diplomates des différents pays venus à Tunis débattre de la gouvernance d’internet et des mécanismes de financement du réseau des réseaux sont encore présentement en négociation. Ils terminent aujourd’hui ce qui a été baptisé la PrepCom 3, soit la troisième rencontre préparatoire de la seconde phase du SMSI. "Les gouvernements tentent de s’entendre sur du langage dilué afin de ne pas présenter ce sommet comme un échec total" ajoute Singh.

Jeanette Hofmann, du groupe de coordination de la société civile allemande participant au SMSI a confirmé que ce sommet obtient un score plutôt médiocre. "La mauvaise nouvelle c’est que les États-Unis ne veulent même pas entendre parler du partage de leur actuel contrôle sur la gouvernance d’internet. La bonne nouvelle c’est qu’il est presque admis que le secrétaire général des Nations Unies sera chargé de convoquer un Forum sur la Gouvernance d’Internet [FGI]".

Ce dernier point est particulièrement important puisqu’il attribue aux Nations Unies un rôle dès la création de ce nouveau forum. Les États Unis se sont toujours opposés à une quelconque participation des Nations Unies dans ce forum. Le FGI traitera de questions aussi variées que l’internet de large bande, du contrôle des pourriels, de la propriété intellectuelle sur le web, du commerce en ligne, du cyber crime, de la liberté d’expression, de la sécurité sur internet, de la participation des pays en voie de développement dans les discussions internationales sur les politiques de TIC et le système de noms de domaines (DNS).

S’il est encore trop tôt pour crier victoire sur ce front — les négociations se poursuivant encore aujourd’hui en soirée — il semble qu’un pas décisif ait été fait et que les diplomates des forces ne se rétracteront pas de l’entente conditionelle.

Les représentants de la société civile ont aussi profité de ce point de presse pour exprimer leur grand désarroi face à la situation des droits humains à Tunis. Invoquant plusieurs contrôles policiers, des bavures à répétition par les forces policières (habillées en civil), ils ont justifié le retrait de tous leurs activités du SMSI pour la journée en cours.

L’action de solidarité avec les ONGs indépendantes tunisiennes est aussi à la fois une protestation du traitement réservé aux invités internationaux venus prendre part dans le Sommet citoyen sur la société de l’information (SCSI). Cet événement public qui devait avoir lieu à partir de demain est vraisemblablement annulé à la lumière des intimidations constantes des forces de l’ordre, des coups et agressions physiques perpétrés dans les derniers jours contre des journalistes autant internationaux que tunisiens et le ciblage inéquivoque des organisateurs du SCSI.

La société civile présente au SMSI pourrait annoncer un boycott complet de l‘événement dès demain si la situation ne se redresse pas et que les conditions de discours et dialogues ouverts ne sont pas assurés par le pays hôte. S’ils saluent certaines avancées sur la reconnaissance du principe dudit "multistakeholderism" dans le cadre d’un sommet des Nations Unies [participation de toutes les parties impliquées dans le processus de prise de décision — incluant les usagers d’internet, la société civile, le secteur privé et le gouvernement], ils condamnent les manœuvres absurdes de contrôle de la dissidence mises de l’avant par la Tunisie. Ils insistent sur la notion de « multistakeholder" mais seulement pour réitérer que dans la pratique, la route menant à une participation réelle et pluraliste est encore longue.

Les négociations du SMSI devraient se poursuivre jusque tard en soirée, suite à quoi débutera le sommet officiel. Ce dernier s’annonce comme une occasion de réseautage et de relations publiques pour les ONGs accréditées, les compagnies de technologie, les institutions d’enseignement supérieur et les gouvernements. Histoire à suivre.