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APC Nouvelles entretien avec Francoise Mukuku de Si Jeunesse Savait (SJS), notre partenaire en République démocratique du Congo pour le projet « Mettre fin à la violence : les droits des femmes et la sécurité en ligne ». SJS est une association des jeunes féministes congolaises qui est concernée par les récents développements de la situation dont les médias font échos.

APC Nouvelles: Quels sont les problèmes auxquels les femmes victimes de violences liées aux technologies sont confrontées en RDC?

Francoise Mukuku: Il y a beaucoup de harcèlement sur l’internet. La plupart des problèmes que les femmes rencontrent sont le vol des données personnelles (documents, mots de passes sur Facebook).

En RDC, les femmes sont généralement perçues comme incompétentes pour assumer des fonctions publiques ou tout simplement pour travailler dans les espaces publiques qui, selon certains, les exposent trop. Elles sont donc sujettes au harcèlement. Par exemple, les harceleurs prennent une photo nue d’une femme et collent le visage d’une journaliste dessus et ils font circuler la photo sur internet. Le problème est qu’il est difficile pour le commun de mortels de distinguer ce qui est faux de ce qui est vrai en ligne.

Très souvent le harcèlement arrive par le téléphone mobile par ce que la plupart des congolais n’ont pas les moyens d’avoir un ordinateur et une connection à la maison. Nous essayons donc de montrer que le téléphone mobile c’est un outil de travail comme un ordinateur, que la sécurité sur la téléphone est la même que sur l’ordinateur.

APC Nouvelles: Est ce que ce sont les hommes qui pensent que les femmes ne devrait pas exercer des métiers publiques ?

FM: Les femmes et les hommes pensent cela, c’est culturelle. mais les hommes le déclarent plus souvent. Les femmes ne se prononcent pas. Elles pensent pourtant que les femmes ne sont pas capables de tenir un métier publique, on le voit clairement durant les élections. Elles sont plus des mobilisatrices que des électrices des femmes politiques.

APC Nouvelles: Quelles formations ont eu lieu récemment pour améliorer la capacité des femmes en RDC ?

FM: Nous sommes entrain de donner des formations sur la sécurité en ligne. Deux formatrices se déplacent et vont ou se trouvent les organisations qui ont besoins des connaissances en matière de sécurité en ligne, particulièrement les organisations qui réunissent les femmes exerçant des rôles publics, par exemple les femmes des médias, les femmes politiciennes, etc.

On essaie de voir quelles sont les technologies qu’elles utilisent tous les jours. On a prévu de faire des formations individuelles pour des personnes bien ciblées, ayant parfois déjà fait face à la violence en ligne, mais pour le moment nous avons pas commencé par les formations des organisations.

Nous avons déjà formé 36 personnes et nous allons continuer les formations sur la sécurité jusqu’en décembre 2013.

APC Nouvelles: Quels sont les succès obtenus à ce jour ?

FM: Le plus grand succès à jour est le fait qu’on a formé les femmes publiques à utiliser Facebook en toute sécurité. Ces femmes n’avaient pas confiance, ne voulaient pas que leur vie privée devienne publique. Elles ne se sentaient pas en sécurité en ligne. SJS leur a montrées comment avoir deux profils différents sur Facebook : un privé et un en tant une personne publique. Nous pensons que c’est important qu’elles soient reconnues car c’est important d’avoir des femmes dans le secteur publique. Elles servent ainsi de modèles pour les autres.

APC Nouvelles: SJS a participé le forum au Forum de la gouvernance de l’internet en à Kinshasa en aout. Quels thèmes ont émergés de ces accises?

FM: Si Jeunesse Savait (SJS) a co-organisé le Forum de la gouvernance de l’internet en Afrique Centrale le 28-29 aout à Kinshasa, en République Démocratique du Congo.

Les gens ont compris que l’accès à l’information, le droit à la vie privée, à l’expression libre et un ’internet ouvert et démocratique sont des droits non négociables, mais on a reproché aux femmes et aux filles d’être des auteurs de violences de provoquer les hommes, etc. C’est aussi vrai que la plupart des gens ne comprennent pas que l’internet est une espace publique. Les femmes, plus que les hommes car elles ont souvent un retard sur l’apprentissage de la technologie. Culturellement, tu sais, les technologies est une affaire d’hommes.

C’était un événement très instructif car il y avait des gens avec des différentes perspectives. La leçon que je retiens ce que les droits des personnes qui utilisent l’internet ne sont pas à délier des droits humains. Les gens doivent savoir que l’internet peut donner une voix aux populations qui traditionnellement ne pouvaient pas s’exprimer, incluant les femmes. C’est important que les femmes aient accès à l’information et soient libres de s’exprimer.

APC Nouvelles: Les TIC concourrent-ils au développement en RDC ?

FM: La RDC a beaucoup de plans de développement et les TIC nous permet de réaliser ces plans. Il y a plein de services qui se développent. Les banques mobiles sont maintenant offertes, et moi, ca me donne de l’espoir. Je voie comment les gens petit à petit se familiarisent aux services sur internet. Nous rattrapons notre retard à pas de géant. L’internet aide à développer les services, l’emploi, et les produits. Je pense que c’est très important pour le développement du pays.