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Les enjeux de la participation de la société civile à la gouvernance de l’internet dans la région MENA

Les dix années qui ont suivi le Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI) de Tunis en 2005 ont vu une évolution rapide du paysage de la gouvernance de l’internet. S’il est vrai que l’Agenda de Tunis pour la société de l’information a affirmé l’engagement des pays participants à développer une société de l’information centrée sur les personnes, inclusive et orientée vers le développement, il a également prôné une approche multipartite de la gouvernance de l’internet, un modèle de gestion de l’internet qui implique toutes les parties prenantes, y compris la société civile.

Malgré la région choisie pour ce sommet, les gouvernements des pays arabes ont tardé à engager la société civile dans leurs politiques relatives à l’internet, préférant les approches exclusivement gouvernementales. Si bien qu‘à niveau international, les gouvernements arabes ont tendance à laisser la gouvernance de l’internet entre les mains de l’Union internationale des télécommunications (UIT) – l’agence de l’ONU spécialisée dans les technologies de l’information et des télécommunications – et non à des organismes multipartites.

La région se transforme cependant à grande vitesse ; le Printemps Arabe de 2011 a ravivé l’intérêt pour des politiques de l’internet issues de la société civile, les financements et le renforcement des capacités ont augmenté dans la région, ce qui a permis à la société civile de s’asseoir à la table des négociations. Le fait que le premier Forum arabe sur la gouvernance de l’internet (FGI) ait eu lieu en 2012 n’est donc pas une coïncidence ; il s’agissait du premier forum multipartite du genre dans la région.

Il n’a pourtant pas fallu longtemps pour refroidir cette poussée de démocratie et d’engagement civique ; la montée de l’instabilité et de la violence extrémiste dans la région a en effet suscité une contre-révolution et les mesures de répression vis-à-vis des libertés ont finalement ramené la région aux niveaux de l’avant 2011 si ce n’est davantage, avec un renforcement des décisions prises unilatéralement au sein des gouvernements.

Ce document de fond a pour objet d‘établir un lien entre d’une part, la participation de la société civile à la gouvernance de l’internet et l‘évolution des droits de l’internet dans la région et d’autre part, les stratégies de plaidoyer de la société civile, en émettant quelques recommandations. Pour ce faire, nous avons décidé de nous centrer sur la Tunisie, l‘Égypte, la Jordanie et le Liban, des pays largement engagés dans les questions de politique de l’internet à niveau régional et mondial, et dont les spécificités locales donnent une bonne idée de la diversité des défis auxquels la société civile est confrontée dans la région.